De l'exclusion à la réintégration
Sonia Abidi


Vivre nous donne le droit inaliénable à l’appartenance. Par le seul fait d’exister, nous avons une place à partir de laquelle nous pouvons vivre notre existence.
Tout ce qui existe se voit attribuer une place, sans condition, sans avoir à le mériter, sans avoir à prouver quoi que ce soit. L'appartenance est le premier présent de la vie, hormis la vie elle-même.
Mais que se passe-t-il lorsque ce droit naturel est retiré par les lois humaines ?
Que devient celui qu’on rejette, et que deviennent les autres ?
Lorsqu’il manque quelqu’un à l’appel, ce n’est pas seulement un individu qui est invisibilisé : c’est tout le système familial qui se trouve affecté par le vide abyssal laissé par l’absent. Irradié par le silence absolu, le figement infecte la lignée et l’immobilise.
Chaque membre d’un système porte, à l’origine, la mission vitale de laisser la vie s’écouler à travers lui, transmettant le fruit de sa propre expérience en guise de patrimoine. Quand un maillon manque, l’écoulement est entravé, et la descendance s’en trouve dévitalisée, privée des ressources de son arbre.
L’exclusion perturbe profondément le système dans les profondeurs de sa verticalité en condamnant à l’indicible invisibilité, et secoue également son axe horizontal, créant des ondes de choc sur plusieurs générations. Son impact est tel qu’il gangrène, par capillarité, l’ensemble du système, qui se trouve alors considérablement affaibli.
Par loyauté inconsciente, un descendant peut tenter de combler l’espace vide en prenant la place de l’absent. En incarnant ce manque, il veille à ce que l’oubli ne s’installe pas, portant en lui la mémoire de celui qui a été écarté. Il abandonne alors, souvent à son insu, son propre destin pour vivre la vie d’un autre. Absent à soi, et présent à ce qui manque : tel est le prix à payer pour ce devoir de mémoire.
Le système tentera de retrouver une homéostasie, en attendant que la conscience collective évolue et qu’un de ses membres entame le chemin de la réintégration des radiés.
C’est une voie courageuse, qui demande une posture d’ouverture, de tolérance, de non-jugement et d’amour pour ce qui est.
Par notre regard et notre reconnaissance, nous envoyons de l’amour aux ancêtres qui ont été fragilisés. Ces égards les touchent et les apaisent, et à leur tour, ils nous fortifient de leur amour.
L’amour n’a pas de temporalité. Il irradie dans toutes les directions de l’espace-temps pour faire vibrer toute la lignée.
Cet acte de réintégration ouvre une voie à l’unité, redonne de l’élan à ce qui était pétrifié, et réinsuffle une précieuse vitalité.
L’énergie récupérée nourrit alors notre propre chemin, nous permettant de poursuivre à notre façon notre transmission.
En redonnant la place à celui qui manque, nous reprenons la nôtre, et c’est seulement à partir de cet espace que nous pouvons vivre avec davantage d’alignement et d’authenticité.
Sonia Abidi
Constellatrice famiale, systémique et transpersonnelle
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